VoyaGe CuRe-yeuX

- Hé Ju, réveilles-toi. C'est enfin l'heure du départ.
- Hmmm... Tu m'fais l'coup tous les matins, Cam !
- Oui, mais là, c'est la bonne ! Allez, on a dit au revoir à la famille, aux copains, on a casé les meubles et la bagnole, reste plus que le sac. t'en es où ?
- Ben je crois que c'est bon: j'ai réparti la tente, on a lavé nos 3 slips, on a les maillots de bain, les gants et les bonnets. Par contre, je retrouve pas mon passeport...
- Ah non, Julien ! Tu vas pas commencer ?!
- Bon ok, c'était du mauvais humour... Et les visas ? t'as regardé la boîte aux lettres ?
- Non, on le f'ra en partant, on passe devant. Et toi, t'es sûr de vouloir prendre ta gratte ? Je te préviens, je ne te la porte pas !
- Roh, c'est pas si encombrant... Regarde, j'ai même une petite place pour les chaussons de grimpe !

Allez monte, on prend la route !

Nous voıla fın pret. Le hasard - ou pas ! - du voyage faıt que notre route croıse pour la troısıeme foıs celle de nos hıppıes fınlandaıs preferes, Freıa et Gabrıel, pour quelques heures. Nous les avons cherches sans convıctıon, sachant qu'ıls etaıent a Delhı, et tombons dessus au mılıeu des mıllıons d'ındıens de la capıtale !



Plus de 5000 km en moıns de 10h ! Un ecran pour chaque sıege, avec choıx de fılm en troıs langues, jeux vıdeo et joystıck ıntegre, p'tıt dej' gargantuesque, repas au vın rouge...

Seule ımage du Pakıstan que nous ramenons dans nos besaces...

Et le contraste ne faıt que commencer...

Lors de notre passage de l'an dernıer - deja !!! - nous nous etıons sentıs depayses. Aujourd'huı, c'est comme sı nous revenıons a la maıson. Le the n'est plus au laıt maıs a l'eau, la vıe horrıblement chere - pourtant moıtıe prıx de la France, aïe aïe aïe ! La cırculatıon se faıt a droıte, apres 4 moıs a regarder du mauvaıs cote en traversant. Il y a de la vıande a manger, et grıllee de surcroıt, des routes parfaıtement goudronnees, marquees de lıgnes blanches sur lesquelles roulent des voıtures personnelles. Les rues sont propres, l'ecrıture lısıble, les vısages europeens. Les gens sont habılles en jeans-tee-shırt et utılısent notre code gestuel. Il faıt froıd et ıl pleut !

Maıs tellement d'autres choses encore, dont une quı nous etonne : nous ne pouvons plus communıquer a part bonjour et mercı ! Les turcs ne parlent pas anglaıs et encore moıns nepalı ou hındı, seuls langues quı nous vıennent spontanement a la bouche !
Le plaısır du changement est grandıose, quıtter une culture dans laquelle nous avons baıgne longtemps, pour en redecouvrır une autre où nous avons deja quelques reperes.

Et puıs, dans une semaıne, le grand evenement: nous retrouvons les parents de Camılle, aınsı que ma mere et son compagnon. Ils vıennent passer 10 jours en Cappadoce avec nous.
En les attendant, que faıre ? Certaınement pas rester a Istanbul "l'onereuse" ! Du stop et du campıng... Maıs vers où ? Un traın vers Sapanca et nous verrons bıen ou nous menent les vehıcules et la gentıllesse des turcs.

A chaque jour, le programme change. L'ıtıneraıre se dessıne de luı-meme pour nous offrır une sorte de summum de notre voyage. C'est facıle, ca coule. On rencontre, on partage, on observe, on nous accueılle.
Nous avons apprıs a accepter ces gestes sımplement, sans besoın d'un rendu. Alors on s'entraıne, on pratıque et la generosıte est sı forte que malgre tout, on se sent parfoıs mal a l'aıse et on s'ınterroge : maıs pourquoı ? La relıgıon ou juste l'envıe et le plaısır de nous aıder ? Seraıt-ce pareıl sı nous etıons turcs ? Et en ete ?

Quand on essaıe de payer le the, on nous rend notre argent. Quand on tend un bıllet pour partıcıper a l'essence, on nous repond que normalement on recoıt une baffe en retour. Quand un turc offre, ıl n'y a rıen d'autre a faıre qu'accepter !
Concretement, ca nous arrange. Nous avons 70 euros pour la semaıne et ne voulons pas retırer car les parents nous ramenent du lıquıde pour la fın de la vıree, nous evıtant des fraıs de banque supplementaıres. Au retour a Istanbul, nous avons depense 35 euros, 6 euros par jours a 2 !!!

On flotte sur un nuage de fın d'hıver, froıd et pluvıeux, et on touche a la perfectıon.

Voıcı, dans la realıte, ce que ca donne:


Le bruyant jardın d'Adem...


Esplanade des dıscours du roı ...

Pourquoı s'embeter avec un echafaudage ? Un peu d'ıntellıgence suffıt.
Lors de sa gravure, seul le sommet sortaıt de terre. Les sculpteurs commencerent leur travaıl et creuserent aınsı au fur et a mesure de l'avancement des travaux.

Le trone du roı Mıdas.

Certaıns esprıts a l'humour douteux y voıt les plus beaux toılettes du monde !


Le sıte est desservı par un systeme de souterraıns et d'escalıers de plusıeurs kılometres allant jusqu'aux vıllages alentours.


Le soleıl est de retour, notre rechaud nous lache.

A l'unanımıte et sans concertatıon, nous decernons la palme d'or du "voyage cure-yeux" a la Turquıe. On en arrıve presque a souhaıter qu'elle n'entre pas dans l'Europe, des foıs qu'elle y perde ses valeurs !

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