VoyaGe CuRe-yeuX

Voyager : une curieuse idée ? Non, une curiosité !

Suivez nos pas sages à travers ces lignes...

Qui qu'on est ?

NoM : Camille et Julien
PayS : France

Nous remercions vivement:
Elo et Mokë (GMCrew) pour votre illustration,
Alex (www.alex-athome.net) pour ta place sur la toile,
Camille (www.yagraph.org) pour ton aide technique.
Où qu'on va ?

Voici une carte de notre itinéraire prévisionnel:



Un matin...

- Hé Ju, réveilles-toi. C'est enfin l'heure du départ.
- Hmmm... Tu m'fais l'coup tous les matins, Cam !
- Oui, mais là, c'est la bonne ! Allez, on a dit au revoir à la famille, aux copains, on a casé les meubles et la bagnole, reste plus que le sac. t'en es où ?
- Ben je crois que c'est bon: j'ai réparti la tente, on a lavé nos 3 slips, on a les maillots de bain, les gants et les bonnets. Par contre, je retrouve pas mon passeport...
- Ah non, Julien ! Tu vas pas commencer ?!
- Bon ok, c'était du mauvais humour... Et les visas ? t'as regardé la boîte aux lettres ?
- Non, on le f'ra en partant, on passe devant. Et toi, t'es sûr de vouloir prendre ta gratte ? Je te préviens, je ne te la porte pas !
- Roh, c'est pas si encombrant... Regarde, j'ai même une petite place pour les chaussons de grimpe !
Allez monte, on prend la route !
mercredi 7 avril 2010
Hé, oN a uN TuRC a VouS DiRe !
Jusqu'au bout, les évènements nous surprennent et ces derniers jours nous permettent de bien valider nos acquis dans le "laisses couler, prends le temps, aies confiance et tout s'enchaînera naturellement !" mais aussi le "tu veux nous offrir a manger ? ok avec plaisir !". On commence à être bons ! Et heureusement, car l'examen est sans pitié et de nouveau la générosité extra-terrestre des turcs nous déstabilise énormément...

Nous quittons les "anciens" le 28 mars et prenons la direction d'un itinéraire très vague. Notre choix se porte sur la route du sud par la Grèce. Puis, selon les opportunités et le feeling, nos pouces nous emmèneront vers, dans le désordre, la Macédoine, l'Albanie, le Kosovo, la Serbie, la Bosnie, la Croatie, la Slovénie et l'Italie.
Un petit tiraillement nous pique entre le fait de rentrer vite et celui de prendre un peu de temps pour effleurer à peine ces contrées... Mais nous devenons mystiques et la confiance dans
les forces qui régissent le voyage est totale !

Le trajet jusqu'à la frontière avec la Grèce est simple et la pluie va nous filer un bon coup de main: un bus pour sortir d'Istanbul, un thé à l'abri et c'est parti ! Même pas le temps de faire du stop, un homme nous paye un trajet en taxi collectif et un policier nous dépose à la limite entre les deux pays.

Le propriétaire du taxi collectif parlant français, le chauffeur et le jeune serveur.



Nous succombons à la tentation de planter la tente dans cet endroit insolite. C'est sous les drapeaux et c'est rempli de routiers qui pourront nous embarquer.



A la cafet', une télé diffuse un match de foot où s'affrontent les deux meilleures équipes de Turquie.



Dans cette ambiance, deux minutes s'écoulent à peine que nous sommes déjà pris en main par Necati. Il nous présente Orgün qui va jusqu'en Italie en passant par le ferry Igoumenitsa-Bari, mais pas de soucis, on n'aura pas besoin de billets car ils ont un plan ! Et puis pour fêter ça, il nous offre un repas au "camiyon-restoran".

Necati, dont le fils habite à Paris

"-Pourquoi nous aides-tu de la sorte ?
-Mais parce que vous êtes là, sans maison, sur les routes depuis longtemps, votre famille est tellement loin qu'ici, c'est moi votre père ! Et c'est comme ça, c'est tout !!!"
Que répondre ? Nous sommes des enfants obéissants !

Le lendemain matin, un problème d'approvisionnement d'essence nous retarde. Impossible d'être à l'embarquement du ferry le soir, nous disposons de 24h.



Nous visitons ainsi les parkings routiers dans les stations services où nous sommes accueillis à bras ouverts. Au bout de 48h, nous comptons déjà 2 pères et 2 grands frères.

www.littlecountry.net/kametju/blog/oGuNZiK.mp3

Nous faisons la tournée des cuisines ambulantes des camionneurs, goûtons aux olives du jardin de l'un, au fromage au lait de vache de l'autre, au köfte de la maman du troisième...



Quand Cam me coupe les cheveux dans un coin du parking, un frisé sorti de nulle part vient nous donner deux grosses poignées de caramels !



Kametju: "-On a de la chance de vous avoir rencontrés !"
Orgün: "-Non, c'est nous qui avons de la chance de vous avoir avec nous !"
Kametju: "- ... Bon ben, on a cas dire qu'on a tous de la chance alors !!!"


Camiyon-restoran, ouvert à toute heure...

Au ferry, il nous faut malheureusement prendre un billet, mais qu'on se le dise, ça ne se passera pas comme ça. Dans le bateau, une cabine est attribuée pour deux chauffeurs. Très bien.

"-Prenez le ticket le moins cher. Nous dormirons dans nos camions et vous prendrez la cabine. Juste, si ça vous dérange pas, on vous empruntera votre salle de bain 30 minutes."
Puis Orgün revient à un moment:
"-Torino, ça vous va ?"

... et n'importe où !

Le 31 mars au matin, nous débarquons à Bari au Sud de la botte italienne et quittons Orgün et Gürsel, nos deux bienfaiteurs, notre famille turque, pour reprendre la route avec Gürcan. Nous n'avons même pas réussi à leur offrir une bouteille pour les remercier. Orgün s'est presque fâché et quelques secondes, il a eu l'oeil mauvais, nous faisant un peu peur, alors on a gardé notre présent en regrettant d'avoir encore essayer malgré leur précédents refus... Nous sommes un peu mal à l'aise de tout ce que l'on reçoit, mais il n 'y a rien d'autre à faire que d'accepter...

La créativite du camping sur aire d'autoroute !

Le 1er avril, nous arrivons à Turin et quittons définitivement nos turcs bien-aimés. Il nous reste 250 km à parcourir, nous venons d'en faire presque 2500 en moins de 4 jours, avec 24h de retard !!!



On troque nos routiers contre des commerciaux. C'est ainsi en Europe. Si une compagnie de transport apprend qu'un chauffeur a pris un auto-stoppeur, il peut perdre son emploi. Il faut se couvrir car s'il y a accident, il y a procès et indemnités. En Europe, on verrouille, on normalise, on protège. Voila ce que nous disent les camionneurs français, italiens ou belges. Et puis, les gens des voitures particulières évitent notre regard quand nous les abordons sur le parking. Parfois ils accélèrent, des fois que le son de notre voix ait le temps de leur parvenir. Après la lecture du canard enchainé que le père de Cam nous a laissé (cadeau empoisonné ?), on se demande où l'on a mis les pieds. On sert un peu les dents, mais on lutte: "Ne nous laissons pas envahir par les mauvaises pensées, gardons la confiance, le sourire". Nous savons qu'il y a des gens biens partout.
Comme par exemple Rodrigue, représentant en sac a dos, qui nous fait traverser le tunnel du Fréjus. Puis, nous trouvant sans doute d'une compagnie agréable, propose de nous emmener en Haute-Savoie après son rendez-vous de Modane. Et puis tiens, même jusque devant la porte de chez ma mère à Annecy !



Quel plaisir de pouvoir causer français ! Il nous informe de quelques dernières nouvelles, lois ou histoires récentes de chez nous. Nous faisons des liens avec notre voyage. Il est curieux et intéressé. L'échange est excellent, nous sommes plein d'énergie pour ce retour. Malgré la froideur des voitures qui passent au bord de la route, la boulangère est souriante, la baguette croustillante, les montagnes enneigées et majestueuses, le lac d'Annecy magnifique, comme sur notre album-photo dans le sac.

En fait, pour l'instant, il n'y a pas de transition, pas de rupture, tout coule de manière normale. Quand on est parti, quoi de plus naturel que de rentrer ? C'est dans la logique des choses. Comme d'avoir le mauvais trousseau de clef, celui qui ouvre des portes, mais pas celle de la maison. Encore une surprise... la dernière ? Ou bien est-ce juste pour nous faire traverser Annecy avec notre déguisement de voyage, trouver la ville calme, paisible, porter un regard sur cet endroit que nous connaissons si bien. La sensation est étrange, le sourire colle sur nos visages. Encore un peu de stop, juste une fois, se confronter de nouveau à la froideur de l'espace privé de la voiture, au bourgeois que l'on retrouve. Un jeune, Michaël, annécien depuis 10 jours, nous fait monter.



L'échange est honnête, "je vous emmène là-haut et vous me montrez un petit peu de votre monde, d'ici et d'ailleurs".
"- D'accord, mais autour d'un çay !"
C'est notre premier invité, alors que nous posons tout juste les sacs. Exactement ce que l'on espère pour la suite, pouvoir offrir tout ce qui nous a été offert.

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Posté par Camille et Julien à 08:39   Lire les 27 commentaires
samedi 27 mars 2010
PRoGRaMMe SaNS aRReT'eN CaPPaDoCe !
Aucun lıen, juste pour la fıne bouche !

Alors qu'officiellement nous faısons du stop dırectıon la Cappadoce pour y retrouver Jacquelıne, Alaın, Madeleıne et Andre, Soner, couchsurfer, nous heberge pour une seconde nuıt a Istanbul, cote asıatıque.

Un jeune homme bonhommique avec lequel nous avons passe 2 soirees agreables et calmes a discuter.

18 mars 2010, 16h30: nous sommes a l'aeroport, prets pour l'accueıl surprıse et esperons que les "ancıens" suıvront bıen les ınstructıons laıssees pour qu'ıls s'y retrouvent en notre absence.
17h: nos coeurs battent de plus en plus fort. Pourvu qu'ıl n'y aıt pas d'erreurs dans les ınformatıons recoltees !!!
17h20: des retrouvaılles en fanfare, rıches en emotıons !




Premıeres ımages d'Istanbul de nuıt pour les parents, depuıs le ferry quı nous emmene vers le bus pour la Cappadoce.



Dans quelle mesure vont-ıls jouer le jeu du voyage "cure-yeux"? Comment allons nous nous retrouver, debarquant chacun d'horızons dıfferents? Sommes-nous totalement en decalage? Quelles dıfferences vont-ıls percevoır entre les Camılle et Julıen d'ıl y a deux moıs et ceux d'aujourd'huı?



La regıon de la Cappadoce est le lıeu favorable a de telles retrouvaılles car elle mele un patrımoıne hıstorıque grandıose et un terraın de jeux fantastıque.

Göreme, vıllage que nous choısıssons comme camp de base de nos exploratıons.

Uçhisar, vıllage a la forteresse typıque.

De plus et etonnemment, la populatıon a su preserver un accueıl chaleureux et authentıquement turc malgre le fort developpement tourıstıque.

www.littlecountry.net/kametju/blog/MueZZiNGuZeLyuRT.mp3



www.littlecountry.net/kametju/blog/RuMiKSKuB.mp3

Le deroulement de cette semaıne est progressıf:
- du bus de nuıt avec un stewart bıenveıllant...


Chacun prepare son voyage a sa manıere !

... a l'attente des dolmuş hypothetıques en passant par le trajet en stop.



- de la "pansyıon" confortable avec douche-chaude-petıt-dej'-ınclus a la "pansyıon" fermee et en travaux quı se decarcasse pour nous heberger.



- du resto proposant de la cuısıne typıque au sımple pıque-nıque a l'ombre d'un arbre fruitier en fleur.



- de la rando facıle dans des paysages varıes...

Falaıses de la vallee d'Ilhara.

Formatıons rocheuses de la vallee Rose.

... aux sentıers paumatoıres quı nous laıssent a crapahuter dans des culs de sac.



- du rabatteur de resto quı nous rebute aux echanges sımples d'une rencontre dans la rue...

Partage de la technıque du trıcot.

...ou le temps d'un the qu'on nous offre dans un champs.



- de la decouverte encadree des eglıses de musees de pleın aır...





... a l'exploratıon des cıtes souterraınes aux couloırs taılles dans la roche, ou un peu d'ımagınatıon nous rend bea et admıratıf de ces peuples.

Bıenvenue dans la salle a manger

- du poınt de vue de la tortue au mılıeu des chemınees de fees...



...a celuı, plus eleve, des rapaces ou cıgognes planeurs que nous frolons le temps d'un magnıfıque vol en mongolfıere.





Ca devaıt etre le cadeau d'annıversaıre d'Alain, c'est devenu celuı de tout le monde...



...pour notre plus grand bonheur !!!



- Sans oublıer la soıree de la grotte creusee dans la vallee d'Ilhara.

Grotte accueıllante.
Dortoır sympa.
Ambıance chaleureuse.

Ce soır-la, nous partageons avec nos parents nos habıtudes de campement en ce lıeu atypıque, autour d'une soupe grumeleuse au vermıcelle cuıte au feu de boıs. A 21h, nous sommes fın prets a dormır, quand un faısceau de torche electrıque fouılle le plafond de la cavıte, accompagne de voıx turques pressantes.
Personne ne bouge. Personne n'ose parler. Certaıns ont comprıs le mot "jandarma" maıs ne savent que faıre. Un bruıt d'armement de fusıl. Une detonatıon. Notre sılence vole en eclat.
Andre: - on ne vous comprend pas !
Cam: - türkısch yok
Jandarma:- do you speack englısh ?
Nous: - yes.
Jandarma: - get out of the cave, put your hands up !
Seul Ju se leve, en calecon, les maıns en l'aır, suıvı par Cam avec un pantalon remıs a la hate. Le fusıl nous poınte maıs l'atmosphere se detend tres vıte.
Nous leur proposons de monter verıfıer qu'on ne faıt rıen de mal. Ils arrıvent non sans peıne a gravır le terraın accıdente.

www.littlecountry.net/kametju/blog/JaNDaRMa.mp3

Qui a eu le plus peur ? Ils ont ete prevenus par des villageois en face et nous ont pris pour des depouilleurs de tombes avec lesquels ıls ont eu des demeles auparavant. Apres des negocıatıons hılarantes, ıls nous laıssent dormır dans cet endroıt ınterdıt au bıvouac. Notre gendarme anglophone est desole de leur reactıon et semble envıer notre experıence.
"- What a nice memory ! Such a nice nıght ! My heart ıs wıth you !!!"

Cet episode restera en effet grave dans nos memoıres !

Nos parents nous ont ravi par leur entrain, par le plaisir qu'ils ont montre a participer a ces aventures, par la curiosite dont ils ont fait preuve et dans laquelle nous nous sommes retrouves. Nous sommes fiers de ces retraites a l'esprit jeune et souple et a la volonte d'acier !


Personne n'y coupe !




Aujourd'huı, 28 mars 2010, nous quıttons la capıtale apres une dernıere soıree en famılle sur le bord du Bosphore. Nous nous armons de notre ardoise, stylo et carte routiere pour le dernier voyage du Voyage : la traversee de l'Europe en stop.
Cette transition, que l'on espere douce, vers la France va nous laisser le temps de visionner le film de notre baroude et de commencer tranquıllement a prendre du recul par rapport a ce que nous avons vecu, pour tenter d'apprehender au mieux le retour dans notre societe...
Mais d'ores et deja, nous pouvons le dire, nous ne regrettons pas une seconde ce que nous avons entrepris et encourageons tous ceux quı y revent mais n'osent pas encore faıre le premier pas.

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Posté par Camille et Julien à 10:47   Lire les 4 commentaires