Apres 2 mois en Asie Centrale, a apprendre le russe au contact de cette population d'ex-Union Sovietique, la Mongolie marque un tournant dans notre voyage. A partir de maintenant, a chaque pays sa langue, voire ses langues, souvent meme son alphabet. A chaque frontiere, nous allons ressortir notre petit carnet pour y noter les quelques mots basiques mais essentiels pour creer le contact, pour essayer d'aller un peu plus loin que la simple communication par geste.
Lorsque nous arrivons a Olgii, premiere grande ville a l'extreme ouest du pays, bizarrement, ce que l'on entend ne correspond pas a notre lexique mongol... Ici, la population est kazakhe avant d'etre mongole. Ici, on parle kazakh! On vient d'arriver dans le pays que l'on vient de quitter! On a le don d'ubiquite! On est, dans le meme temps, a deux endroits differents...
Mais on est aussi dans la region de la chasse a l'aigle. Et c'est la que commence reellement, par une nouvelle coincidence, notre decouverte de la Mongolie Kazakhe.
Face a une contree aussi grande, s'organiser un programme touristique sur 1 mois releve du defi. On ne connait rien du pays, les routes principales sont de mauvaises pistes, les transports aventureux, les trajets tres longs - 250km en 6h30 ! Chaque region accueille des ethnies ou tribus differentes avec des coutumes et modes de vie tous aussi attirants les uns que les autres. On ne sait par ou commencer et on decide de suivre notre intuition: on a un bon contact avec une volontaire a Hovd. On monte dans le bus pour s'y rendre. C'est a ce moment qu'interviennent Ewelyna et Michal, couple de voyageur polonais, rencontres a Almaty et qui nous talonnaient a une journee sur la traversee en stop de l'Altai. Ils nous sortent du van russe en nous proposant de partager les frais d'une viree sur 2 jours a la decouverte de la chasse a l'aigle. Au programme: cheval, nuit en ger - prononcez "guerre", yourte en Mongolie - dans une famille de locaux et possibilite d'accompagner Nurka, le fils, pour debusquer le gibier afin que l'aigle, dresse par Mana, le pere, puisse fondre sur ses proies.
Mana
Nurka
Ca coute le double de notre budget journalier, mais c'est tres excitant et l'organisation semble serieuse et equitable. Le lendemain, nous montons enthousiaste dans une vieille jeep russe et prenons la direction d'une nouvelle deception touristique ! Apres 1h30 de cheval et une pause the, Nurka emmene l'aigle 50m plus haut et Mana, a pied, agite un bout de ficelle avec au bout, en guise de proie, un morceau de lapin mort avec encore les oreilles... L'aigle effectue un rase-motte aussi joli qu'il est court et s'agrippe au leurre. Il nous faudra protester 5 bonnes minutes pour obtenir un second vol. Puis, ce qui nous console un peu, le chasseur accepte que l'on enfile sont gant. Le rapace est a une dizaine de centimetres de notre visage. C'est un moment impressionnant et tres fort.
1h de cheval, l'emerveillement devant les chameaux et yaks croises en chemin et une pause the plus tard, nous sommes rentres. Il faut savoir qu'un cheval, alors qu'il avance au pas a l'aller, trotte voire galoppe au retour!
Heureusement, malgre les difficultes de communication, la famille est tres sympa et, apres le repas...
http://www.littlecountry.net/kametju/blog/RePaS.mp3... se prete volontiers au jeu de l'echange musical.
Ils sont tres curieux de la clarinette et c'est tres drole de voir Mana essayer et reussir a sortir un son bien qu'il lui manque les 4 dents du milieu en haut!
Le week-end suivant, il y a, pres du village de Sagsai, le festival de l'aigle. Une idee nous vient et, grace a la traduction en russe de notre chauffeur, nous tombons d'accord avec Mana: Aibek, son fils aine...
... nous accompagne faire une boucle de 5 jours a cheval et a notre retour, on assiste au "pestibal". Le tarif, a peine negocie, est plus de la moitie moins cher que par l'agence et on sait exactement a qui revient l'argent... Genial !
Une drole de maniere pour ferrer les chevaux !
Le plus jeune fils...
... et l'une des deux plus jeunes filles, peut etre bien jumelles.
Lundi 14 septembre, nous enfourchons nos montures et partons tous les 3 pour un itineraire d'environ 170 km passant par les villages de Tsengel et de Buyant, au milieu des montagnes. Ce ne sont pas des lieux touristiques, rien n'est ecrit dans les guides, ca nous permet juste d'aller voir a cheval comment c'est derriere les caillous, au bout de la plaine...
On se deplace de ger en ger...
...de the sale en the sale au lait de yak, d'etendues en espaces et on decouvre la vie des kazakhs d'ici. Si on a soif ou froid, on s'approche d'une ger, le chien aboie, ses habitants nous ouvrent et nous servent le the, generalement de la main droite. Il y a toujours quelque chose a manger sur la table ou sur la toile ciree posee a meme le sol.
On nous dit "dje" - "mange", alors on s'execute avec plaisir et quand on n'a plus faim, on continue a nous dire "dje". Mais chez Mana, nous avons appris qu'il faut repondre "toidum, rakhmet" - "je suis repu, merci". Pour le the, c'est "boldum, rakhmet". C'est en kazhak. Dans quelques temps, il nous faudra l'apprendre en mongole !!!
Il arrive qu'on nous invite a manger et dormir, alors on leur donne des legumes pour participer. Parfois, ils nous demandent de l'argent et on est mal a l'aise car c'est souvent ce qui fausse la relation, ce qui tue l'echange. On tombe dans le tourisme qu'on execre : "paies et je te donnerai en spectacle la vie des kazakhs mongols". On ne veut pas mettre le doigt dans l'engrenage et pourtant, le dilemne est grand, car cette somme, minime pour nous, leur est utile. Qu'en ont-ils a faire d'une chanson francaise jouee a la guitare et a la clarinette?
Mais la plupart du temps, heureusement, nous sommes touches par leurs sourires sinceres et par leurs regards aussi curieux de nous que les notres le sont d'eux.
Apres cette experience, nous sondons des touristes sur leurs manieres de faire qui sont variees : certains donnent systematiquement de l'argent, en plus d'un apport alimentaire. Mais une volontaire a Ulan Baatar nous confirme notre point de vue en nous parlant d'un guide de bonne conduite du touriste, realise par une agence d'ecotourisme locale qui explicite le fait de ne pas donner d'argent. Au-dela de la somme, c'est le geste qui est en cause car il introduit une relation pecuniere au detriment d'une relation humaine.
Pendant ces 5 jours, nous deambulons ainsi dans un environnement hostile et sec a cette periode, mais d'une beaute incroyable. Il faut y etre...
La derniere journee est terrible de froid. On a droit a notre premiere neige le matin au sortir de la tente. Puis un vent qui nous glace les os se met a souffler sans discontinuer pendant 4 heures. La traversee du plateau de Sagsai jusque chez Mana nous parait interminable. Quelques locaux rigolent en nous regardant passer. La temperature ici peut descendre a -40 et -8 dans les gers !
Comme prevu, notre sejour a Sagsai se termine par le "pestibal" des aigles, organise par la meme agence qui nous a permis de rencontrer Mana. Nous nous y rendons a cheval et sur le site, completement ouvert, voila qu'on nous demande 60 dollars pour les deux jours. Folie oui !!! On refuse categoriquement. Apres de nombreux palabres et une menace de police qui nous fait sourire, ils entendent notre mecontentement du week-end precedent et prennent en compte notre participation a la vie locale. On passe deux bonnes journees a observer les divers jeux traditionnels presentes ici pour les touristes, dont voici un resume en photos :
Site du "Pestibal de l'aigle".
Le jury est bien installe...
... le public est nombreux...
... et les athletes surentraines sont fin prets !
C'est parti pour deux jours de competition acharnee et assez depaysante parfois !
Nous sommes certain que chacun(e) y trouvera l'activite qui lui parle !
Le tir a l'arc au sol ou a cheval.
Tu lances ton cheval et tu essayes de ramasser ce qu'il y a au sol, sans te ramasser toi-meme!
Une sorte de course sado-maso ou la femme fouette l'homme avec sa cravache. Le plus plaisant est de voir qu'elle lui en donne a coeur joie !
Et notre prefere:
Le tournoi de la chevre egorgee !
Le but est de l'arracher des mains du copain !
Ca se deroule en manche eliminatoire et le terrain n'est pas delimite, ce qui permet aux chevaux d'aller gambader pendant que leurs cavaliers se battent le bout de bidoche en faisant des accrobaties !
C'est la meme chevre qui sert pour les deux jours !!! Ce jeu existe aussi au Kirghizstan et on pense qu'il est issu d'une ancienne guerre pour de la nourriture !
Toutes ces rejouissances s'enchainent en musique. Si ca interesse les copains intermittents, y a du boulot a prendre!
Le Dombra, guitare traditionnelle a deux cordes et que l'on trouve dans toute bonne ger.
Enfin vient le clou du spectacle: l'aigle. Il est depose en haut d'une colline caillouteuse et son proprietaire est en bas, devant le jury. Ca se deroule en deux parties: le premier jour, l'aigle prend son envol et doit rejoindre le gant de son maitre. Ca donne lieu a de franches rigolades quand le rapace part dans la direction opposee ou qu'il va attaquer un autre aigle qui n'a rien demande a personne. Parfois, il ne daigne meme pas decoller! Car il faut crier tres fort pour l'appeler:
Le deuxieme jour, c'est l'epreuve du leurre. Ils jugent le vol ainsi que la rapidite et la precision de son attaque. Enfin, il y a une troisieme manche que l'on a pas comprise avec un jeune renard vivant que Mana a entretenu chez lui - Ce qui nous laisse penser qu'il est respecte dans le milieu. Une bonne dizaine d'aigles est lachee sur lui, mais quand ils le chopent, Dainbeck, le 2eme fils de Mana, et Mana se precipitent pour les separer et s'engueulent, prets a se battre, avec tout le monde. C'est cette chasse que nous voulions voir, mais nous prenons pitie de cette pauvre proie sacrifiee au spectacle. L'animal s'en sort avec quelques blessures legeres et est mis dans un coin tranquille pour le reste de la journee. Le vrai Pestibal originel a en fait lieu dans deux semaines.
A la fin de la premiere journee, on rentre chez Mana avec les djeuns de la steppe ! C'est tellement bon de les voir tourner autour des minettes bien sapees, se charrier, rigoler, bref etre jeunes a dos de cheval, galopant a pleine vitesse et nous, nous cramponnant bravement a nos etriers !!!
D'autres chasseurs sont invites a passer la nuit chez Mana. Il decide a la nuit tombee de tuer une chevre.
Y a pas d'heure pour preparer un bon morceau de viande !
Le soir, Dainbeck nous invite a manger et dormir dans la maison qu'il a construite et ou il vit avec Beka, sa femme enceinte.
Le dimanche 20 septembre, nous faisons nos adieux chaleureux a la famille et rentrons a Olgii. La fatigue nous tombe dessus au moment de la douche, la premiere depuis 10 jours... Nous prenons une bonne journee de repos, puis la route pour Hovd, dans le meme bus duquel nous sommes descendus !
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c'est moi le premier !!!
c'est moi le premier !!!
énormes vos photos ,que c'est beau ,vraiment vous êtes très chanceux.
Continuez a profiter de chaque seconde et merci de nous faire profiter du voyage avce ces belle images.....
encore merci pour la petite pensee du 16 septempbre
Bises a vous 2
Phil